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Éditorial – spécial fardeau administratif – impact sur la sécurité des vols

L’attribution de la Médaille de l’Aéronautique à Christophe Rosset, lui a donné l’occasion de livrer ses réflexions sur le bilan et la situation actuelle de la filière.

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Lorsque j’ai reçu cette année la médaille de l’aéronautique , j’ai pensé à tous les pionniers, les passionnés qui ont fait et font tous les jours progresser notre aviation vers des aéronefs plus vertueux, les font voler et les entretiennent.

Je suis admiratif de leur travail et de leur abnégation tant les obstacles dressés devant eux et les entreprises sont nombreux.

En 33 ans d’activité dans ces métiers que sont le transport et le travail aérien, la formation et l’entretien d’hélicoptères, j’ai constaté un empilement insupportable de règlements, normes, une créativité débordante de nos administrations et autorités de tutelle pour complexifier les choses toujours au nom de la sécurité mais sans réellement s’interroger sur les conséquences et les résultats.

Aujourd’hui force est de constater que les seuls résultats probants sont la carence de mécaniciens, de responsables désignés, une augmentation exponentielle des charges et un découragement croissant des collaborateurs devant tant de perpétuels changements réglementaires et une charge administrative encore et toujours plus importante sous laquelle ils croulent.

Deux mondes cohabitent aujourd’hui celui de l’entreprise ou l’on doit chaque jour se battre pour sa pérennité et celui de ceux qui n’écoutent pas les professionnels, qui vous expliquent tout, vous jugent, vous sanctionnent dès lors que vous ne faites pas comme ils veulent.

Cette dérive constante ne rend pas l’aviation plus sûre car en écrasant les personnels et responsables sous le travail administratif et les audits on les empêche d’exercer leur fonction initiale 

Souhaitons enfin une prise de conscience collective, une véritable pause réglementaire et un changement dans la surveillance des compagnies vers plutôt un accompagnement

Merci à tous ceux du monde des entreprises de la filière avec qui j’ai travaillé et je travaille au quotidien, cette médaille est aussi la vôtre et merci aux quelques personnes pragmatiques et de bon sens de nos autorités de tutelles qui écoutent et entendent les professionnels.

Christophe Rosset
Président du SNEH
Coprésident de l’UFH

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L’édition de dimanche 12 mai dernier du magazine « Matin Dimanche« , comporte un article dédié au bilan préoccupant de sécurité des hélicoptères en Suisse. L’auteur donne la parole à plusieurs experts du secteur, qui sont reconnus au-delà des frontières de la confédération. Claude Vuichard, Patrick Fauchère du côté des pilotes instructeurs, Philippe Rentz pour l’approche juridique, Martin Candidas, le président de la SHA et Matin Stuki, son représentant auprès de l’European Helicopter Association, s’accordent à dénoncer l’accroissement de la charge administrative suscité par le cadre normatif européen, comme facteur contributif à la dégradation des compétences concrètes nécessaires au maintien d’un niveau optimal de sécurité. Cette analyse est loin d »être isolée. Il suffit de rappeler les éditoriaux publiés par l’UFH l’an dernier, le 26 avril et surtout le 14 novembre.

Au lieu de participer à l’amélioration concrète de la sécurité des vols, son impact pourrait-elle effectivement s’avérer au contraire accidentogène ?  Les accidents dénombrés par l’article suisse pourraient bien faire partie des premiers signaux d’alerte des conséquences de l’approche réglementaire européenne inadaptée, qui est dénoncée depuis longtemps pour être devenue trop bureaucratique.

Pour pour illustrer le fardeau administratif qui pèse sur les parties prenantes du vol vertical, l’European Helicopter Association a lancé dans sa lettre d’information datée du 13 mai dernier, un appel à contribution pour fournir quelques exemples pratiques.
Les contributions peuvent être adressées à l’UFH. Nous n’avons pas besoin qu’elles soient mises en forme mais il faut qu’elles soient suffisamment documentées pour donner à vos représentants auprès de la R-Comm, les moyens de construire un dossier étayé avec des exemples précis des redondances, des incompatibilités avec les règles nationales et autres incohérences que le cadre réglementaire actuel impose.


 

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