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L’aventure Bell H1 – Une page se tourne

La silhouette célébrissime du Huey, ici un Dornier-Bell UH-1D (Philippe Boulay)

Un AH-1G de la 1ère division de cavalerie aéroportée (1st Air Cav) au Vietnam (Wikimedia Commons)

Avec la livraison le 2 novembre 2022 du dernier Bell AH-1Z Viper, et par voie de conséquence l’arrêt de la chaîne « H-1 » la plus ancienne ligne de production du constructeur texan, c’est un chapitre entier de l’histoire des hélicoptères militaires qui se referme. Bell Aircraft était déjà le constructeur du premier hélicoptère commercial, le Bell 47, certifié dès 1946 et qui avait été largement décliné en versions à vocation militaire. L’histoire qui nous occupe a débuté, elle, le 13 mars 1959, quand l’US Army Aviation a annoncé son choix de se doter du Bell HU-1A (*), un monomoteur de 3 200 kg, animé par les 640 kW d’un Lycoming T53-L-1A. Pour Bell Aicraft cy, qui allait ainsi produire en série son premier hélicoptère à turbine, cette commande permettait d’espérer en un avenir radieux. De fait elle a donné le départ d’une saga industrielle de 63 ans.

 

L’US Marine Corps est un autre des plus anciens clients institutionnels de Bell. Le 2 mars 1962, le Bureau of Naval Weapons de l’US NAVY annonçait que Bell Aircraft remportait la compétition ASH (**) avec son HU-1E. Finalement, 203 (***) appareils du type ont été livrés aux Marines. L’UH-1E était une machine polyvalente : armé de roquettes HVAR de 70 mm et de 2 mitrailleuses

l’image de la légende : un héliportage au Vietnam (Library of Congress)

légères M-60, c’était un hélicoptère d’attaque. C’était aussi un hélicoptère de sauvetage, muni d’un treuil à demeure. Et comme tous les UH-1, c’était un appareil de transport d’assaut. Il a beaucoup été utilisé dans ce rôle.

Mais la chaîne H-1 a vu passer bien d’autres machines, en six décennies… Au premier rang desquelles, pas moins de 7 655 exemplaires d’UH-1D et UH-1H, les légendaires « camions volants » du conflit vietnamien. A partir de 1967, elle a aussi vu l’industrialisation de l’AH-1G Huey Cobra, le premier des dangereux serpents de Bell. Un fuselage conçu pour le combat, animé par le moteur et la voilure de l’

les deux derniers de la famille H-1, l’AH-1Z Viper et l’UH-1Y Venom en service avec le Marines (USMC)

UH-1H. Avec 1127 exemplaires, l’AH-1G reste le plus construit des Cobra.

Si l’on compare les 1000 kW du T53-L-13 qui animait l’AH-1G aux 2685 kW des deux T700 du Viper, on peut penser qu’il n’y a pas grand-chose de commun entre les premiers et les derniers de la saga. Rien qu’à considérer les 3 350 kg de l’UH-1A par rapport aux 8 400 kg de l’UH-1Y Venom… Mais il suffit de regarder les machines pour retrouver cet air de famille qui les distingue de toutes les autres. Six décennies ont ainsi vu se dérouler l’histoire d’un développement industriel exceptionnel, avec une lignée généralement considérée comme la plus prolifique du monde de l’hélicoptère militaire. Ses derniers représentants ont encore une longue carrière devant eux.

 

                                                              Philippe Boulay – Président de la commission historique de l’UFH

(*)   le système de désignation des aéronefs militaires américains a été unifié le 18 septembre 1962. 
      C’est à cette date que les HU-1 sont devenus des UH-1. 
(**)  Assault and Support Helicopter 
(***) les chiffres de production sont issus des données du constructeur et des utilisateurs, 
      et du livre de David A. Brown, « The Bell Helicopter Textron story »
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